L’HYPOTHYROÏDIE CHEZ LA FEMME

Alimentation, micro-nutrition, stress, hormones féminines

L’hypothyroïdie est une affection typiquement féminine puisqu’elle concerne 9 femmes pour 1 homme. C’est aussi une pathologie familiale : la mise en évidence d’une hypothyroïdie chez une femme est souvent liée à d’autres cas familiaux (mère, fille, sœur…).

Lorsque la thyroïde ne produit pas assez d’hormones, le métabolisme est ralenti, la digestion devient difficile, les pulsations cardiaques se font plus discrètes, la fatigue s’installe, les kilos s’accumulent…

Les hormones thyroïdiennes produites par la glande thyroïde sont fondamentales car elles ont un impact sur l’ensemble du système hormonal. Comme le rappelle de Dr. Thierry Hertoghe, spécialiste en hormonothérapie, « lorsque l’on souffre d’hypothyroïdie, on souffre de déficience poly-hormonale ».

Pour savoir si votre thyroïde est déficiente, votre médecin vous prescrira bilan thyroïdien afin de faire doser vos hormones thyroïdiennes T3 et T4, ainsi que la TSH. Pour une analyse plus fine, certains conseilleront également une analyse d’urines sur 24h, ainsi qu’une analyse d’anticorps antithyroïdiens.

Dans certains cas, il peut arriver qu’à l’issue de ces analyses il ne soit révélé aucun dysfonctionnement, alors que les symptômes d’hypothyroïdie persistent. Si vous vous reconnaissez dans ce cas de figure, il est possible que votre fonction thyroïdienne tourne au ralenti, sans que ce soit décelé.

Il faut comprendre que l’on ne passe pas de la « bonne santé » à la « maladie » du jour au lendemain. Si vos résultats d’analyses s’inscrivent dans les valeurs de référence, cela veut effectivement dire que votre thyroïde n’est pas déficiente, mais pour autant cela ne signifie forcément pas qu’elle fonctionne de manière optimale.

C’est principalement dans cette phase intermédiaire que nous devons agir pour booster la fonction thyroïdienne, et ainsi éviter son éventuel déclin.

En cas d’insuffisance avérée, il sera indispensable d’être suivi par un médecin.

  1. Les symptômes de l’hypothyroïdie

Voici les symptômes les plus courants que l’on rencontre en cas d’hypothyroïdie :

♦ Frilosité et extrémités froides (pieds, mains, nez)

♦ Fatigue inexpliquée, dès le matin, même après une bonne nuit de sommeil

♦ Prise de poids, métabolisme ralenti

♦ Moral en baisse, humeur changeante

♦ Ongles fragiles, chute de cheveux, peau sèche

♦ Ronflements et/ou apnée du sommeil

♦ Troubles digestifs

♦ Constipation chronique

♦ Palpitations

♦ Visage gonflé au réveil, avec poches sous les yeux

♦ Règles irrégulières

♦ Faible transpiration

♦ Coloration orangée des paumes de main

♦ Cholestérol en hausse

Si vous présentez plusieurs de ces symptômes, il est possible que vous soyez en hypothyroïdie. Consultez votre médecin pour faire le point. 

  1. L’alimentation à privilégier et les carences à éviter

Le bon fonctionnement de la thyroïde dépend de plusieurs facteurs. Une alimentation variée et équilibrée, riche en fruits et légumes frais et exempte de produits transformés sera bien sûr à privilégier.

Conseil à retenir : évitez les protéines animales au repas du soir. Les protéines devraient être consommées le matin et le midi. Le soir on se concentre sur les légumes, avec un peu de céréales complètes, et éventuellement un peu de protéines végétales (légumineuses, oléagineux, graines…).

Les protéines animales sont bien trop longues à digérer pour être consommées le soir. « Si le foie est surchargé, la conversion de la T4 en T3 active est ralentie, ce qui aboutit à une accumulation des déchets, et à un gonflement pendant la nuit », rappelle le Dr. Herthoge.

Pour retrouver une fonction thyroïdienne optimale, pensez aussi à limiter les produits laitiers, la caféine, et certains aliments dits « goitrogènes » comme les crucifères, le manioc, les patates douces, les graines de soja.

La glande thyroïde a besoin de nombreux « co-facteurs » pour bien fonctionner. Les deux principaux éléments dont elle a besoin sont l’iode et le fer.

L’iode se trouve naturellement dans les produits de la mer, dans les œufs. Si vous n’en consommez pas beaucoup, il peut être intéressant de faire doser votre iodurie (taux d’iode dans les urines) afin de voir si vous avez besoin d’une complémentation ou non.

En ce qui concerne le fer, c’est un élément fondamental pour le fonctionnement thyroïdien, mais il ne faut jamais se supplémenter sans avoir réalisé au préalable un dosage sanguin. Si vous êtes amenée à vous suplémenter, optez pour une forme de fer bien tolérée par l’organisme, comme le bisglycinate de fer, et évitez le sulfate ferreux qui a tendance à constiper (vous n’avez probablement pas besoin d’en rajouter une couche).

En plus de ces deux éléments indispensables, d’autres micronutriments jouent un rôle dans le bon fonctionnement de la thyroïde : le sélénium, le zinc, la vitamine D, la vitamine A, le manganèse, les oméga 3, le magnésium, le cuivre. Pensez à faire le point sur vos éventuelles carences.

  1. L’impact du stress

Le mode de vie influe directement sur le fonctionnement de la thyroïde. En cas de stress chronique, le taux de cortisol augmente. Ce dernier influe sur la glande thyroïde, qui en réaction va être amenée à réduire sa production d’hormones T4 et T3 (et aussi à augmenter la production de reverse-T3, hormone inactive et antagoniste de la T3).

Afin de limiter le stress, il est essentiel de faire régulièrement des exercices de respiration, ou de pratiquer la méditation, afin de faire baisser le cortisol.

L’activité physique est également excellente pour évacuer le stress. Elle est d’autant plus importante pour les personnes en hypothyroïdie car la remise en mouvement du corps permet de booster le métabolisme, et de « relancer la machine » quand tout tourne au ralenti.

  1. Hypothyroïdie et hormones féminines

Les taux d’hormones thyroïdiennes sont fortement liés à l’équilibre des hormones sexuelles. Un excès d’œstrogènes peut par exemple bloquer la fonction thyroïdienne selon le Dr John R. Lee, auteur de « Tout savoir sur la préménopause« . Selon lui, la dominance œstrogénique chez une femme interfère avec l’activité hormonale de la thyroïde, alors que la progestérone, au contraire, facilite cette activité.

Les femmes qui présentent des symptômes d’hypothyroïdie mais dont le diagnostic n’est pas validé par prise de sang peuvent, dans certains cas, présenter un déficit en progestérone. Certaines plantes progestérone-like pourront alors être conseillées, comme le gattilier, l’alchémille ou le yam (contre indiquées en cas d’antécédent de cancers hormono-dépendants).

Pour conclure, un déficit de la thyroïde peut être rééquilibré avec un changement d’hygiène de vie et d’alimentation. Il est d’ailleurs conseillé d’agir dans ce sens dès les premiers signes d’hypothyroïdie, sans attendre que la fonction thyroïdienne soit réellement déficiente.

En cas d’hypothyroïdie avérée, les conseils d’hygiène de vie restent les mêmes, mais le suivi médical est indispensable.

En matière de santé, seule une gestion holistique est efficace : nous devons à la fois prendre soin de notre alimentation, de nos apports en micronutriments, et nous devons arriver à gérer notre stress.

Sources :

Dr John R. Lee, «Tout savoir sur la préménopause », ed. Sully, 1999, et « L’équilibre hormonal, c’est facile », ed. Sully, 2006.

Revue Genesis (gynécologie – obstétrique – endocrinologie), « L’hypothyroïdie en pratique », par Jean-Michel Borys Endocrinologue

Dr Thierry Hertoghe (interview) « Hypothyroïdie : le point de vue du Dr Hertoghe »

Dr Stéphane Résimont (conférence)

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